Un accompagnement pour les porteurs de projet du bâtiment en situation de handicap

Au-delà des volets économiques et environnementaux qui sont depuis toujours au cœur de l’action et de la vie de notre coopérative, nous sommes convaincus que notre principale richesse repose sur les individus, leurs différences et la mise en place d’un cadre qui favorise l’acceptation de tous au sein de notre collectif. 

Avec l’objectif d’évoluer vers une organisation plus inclusive, nous travaillons depuis 2020 à la mise place d’un accompagnement pour les créateurs d’activité du bâtiment en situation de handicap. Philippe Bonnet, chargé d’accompagnement et chargé de développement durable & RSE est également le référent handicap de Coop&Bat. On fait le point avec lui, sur cette démarche, ses réalisations et ses perspectives.

Bonjour Philippe, comment est née la démarche d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap ?

La démarche est née naturellement suite à l’accueil de Sophie, une peintre, au sein de Coop&Bat en 2020. Cette personne présentait un handicap auditif de naissance et une surdité à 100%. Ce type de handicap impacte également toute la sphère cognitive de la personne avec notamment des temps de concentration très réduits. 

Pour Sophie, la formation initiale à l’entrée de la coopérative a duré 4 fois plus de temps que ce que nous connaissions jusque-là. On a tout de suite compris que cette situation allait nous amener à repenser complètement notre accompagnement.

Quelles ont été les actions mises en œuvre ?

Je me suis rapproché de l’Agefiph qui propose un accompagnement pour l’emploi des personnes handicapées et du Cap emploi 33 qui est un organisme de placement spécialisé qui assure une mission de service public dont l’objectif consiste à permettre l’accès à l’emploi durable des personnes handicapées.

Le rapprochement avec ces interlocuteurs présentait un double objectif. Nous souhaitions savoir comment appréhender globalement la question du handicap au sein de la coopérative et également voir s’il existait des dispositifs de compensation spécifiques à la situation de Sophie.

C’est à partir de ce moment-là que nous nous sommes lancés dans la démarche d’accompagnement avec la création de la fonction de référent handicap que j’occupe. J’ai suivi des modules de formation pour bien comprendre ce qu’est le handicap, bien comprendre la mission de référent handicap et comment elle doit être abordée au sein de l’entreprise, y compris du côté RH avec la valorisation de l’accueil au regard de la réglementation.

Comment cela se traduit-il chez Coop&bat ? Quel est le rôle du référent handicap ?

La fonction recouvre plusieurs aspects. Le référent handicap est un “ tiers de confiance”» qui écoute, informe et accompagne les personnes en situation de handicap. Chez Coop&bat, nous avons un suivi plus soutenu avec nos entrepreneurs en situation de handicap qu’avec les autres (1 rendez-vous par mois contre 2 par an).

C’est également un facilitateur qui fait le lien entre les différents interlocuteurs internes ou externes. Il doit notamment identifier le réseau de partenaires qu’il peut solliciter par rapport à la typologie du handicap du porteur de projet.

Enfin, il travaille aussi à l’acculturation de l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise aux questions liées au handicap. À ce titre, nous avons organisé un temps de formation à l’attention des salariés en 2022 en partenariat avec l’Agefiph.

Combien de personnes accompagnes-tu aujourd’hui dans le cadre de cette démarche ? Comment ont-ils rejoint la coopérative ?

Aujourd’hui Coop&bat compte 3 entrepreneurs-salariés en situation de handicap : une peintre en décoration, un formateur Pro-Paille et un plombier chauffagiste. Parmi eux, certains connaissaient l’existence de cette démarche grâce à nos entrepreneurs ou à notre réseau et pour d’autres, nous avons pris connaissance de leur statut de travailleur handicapé lors de l’accueil.

À ce jour, nous ne sommes pas encore identifiés comme une structure pouvant accueillir des travailleurs en situation de handicap.

Est-ce que cela fait partie des projets à venir pour consolider la démarche ?

Oui, en effet, nous envisageons de réaliser un travail de partenariat avec de potentiels prescripteurs pour être véritablement identifié à ce titre-là. Nous travaillons déjà très bien avec l’Agefiph qui est très impliquée à nos côtés et force de proposition sur des formations, des événements et des temps d’échanges.

Nous souhaitons aller plus loin notamment en identifiant des structures capables de proposer des systèmes de compensation adaptés à chaque handicap. Par exemple, c’est un travail que nous avions initié avec Sophie auprès de l’IRSA, une association spécialisée dans l’accompagnement des personnes concernées par un handicap visuel et/ou auditif.

Nous bénéficions de l’aide du Cap Emploi 33 qui sollicite ces structures pour réaliser des diagnostics préalables afin d’identifier le type d’outils dont les bénéficiaires auraient besoin.

Pour l’heure, nous nous adaptons au cas par cas, mais notre souhait c’est de renforcer cette action, de pouvoir élargir l’accueil et pourquoi pas un jour de recruter une personne dédiée à ces questions.