Transmettre le geste et valoriser les métiers du bâtiment à travers l’écoconstruction, c’est, en filigrane, l’objectif que se donne l’association IFABE qui installera bientôt ses locaux sur la métropole de Bordeaux. Elle porte le projet de création d’un organisme de formation au bâti éco responsable et d’un centre de valorisation des matières. Rencontre avec Gilles Guerreschi, porteur du projet.
Bonjour Gilles, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Gilles Guerreschi, j’ai 59 ans. J’ai longtemps occupé le poste de conducteur de travaux dans une entreprise de restauration de monuments historiques. C’est une expérience qui m’a permis d’appréhender de nombreux corps d’état du bâti ancien (maçonnerie, taille de pierre, charpente et couverture) et d’exercer dans des régions ou les techniques de construction présentent des caractéristiques et une identité propre au lieu. Je me suis installé en Aquitaine, il y a un peu plus de 20 ans et je suis notamment intervenu dans la restauration de châteaux viticoles.
En 2016 j’ai créé ma société, la SAS La boîte à chaux, pour effectuer des travaux de restauration du bâti ancien avec une spécificité sur les enduits et le travail de la chaux. J’y ai exercé mon activité jusqu’en 2021.
C’est à ce moment-là que j’ai rejoint Coop&Bat, mieux adaptée à l’orientation que je souhaitais donner à mon entreprise. J’y ai découvert le statut d’entrepreneur-salarié qui simplifie la gestion entrepreneuriale et me permet de me concentrer sur mon métier. J’y découvre également la dimension collective de la coopération où le groupe consolide et apporte de l’échange.
En quoi consiste ton activité au sein de Coop&bat ?
Je porte plusieurs casquettes. Je continue de proposer mes services dans la réalisation de travaux de maçonnerie traditionnelle, d’enduits (chaux et terre) et de maçonnerie décorative (terrazzo, stuc). Depuis un an, j’interviens, en partenariat avec une entreprise guyanaise, dans le cadre de chantiers de restauration des bagnes des îles du Salut au large de Kourou. Enfin, je pratique le négoce de produits particuliers du bâtiment (chaux en pâte, pigments, enduits terre).
Tu es aussi à l’origine de l’IFABE. Comment est né le projet ? Et de quoi s’agit-il exactement ?
L’IFABE, pour Institut de formation au bâti éco responsable, a pour objectif la création d’un organisme de formation et d’un centre de valorisation des matières. Le projet est né de la rencontre avec Yannick Puisset, gérant de Coop&Bat. Avant de rejoindre la coopérative, ma société était voisine de Coop&Bat, nous échangions souvent sur nos activités respectives avec l’idée commune d’apporter une réponse à la question de la formation à l’écoconstruction.
Quelles sont les techniques d’écoconstruction que l’IFABE prévoit d’enseigner ?
Nous souhaitons dispenser les formations référencées au répertoire national des certifications professionnelles en lien avec l’écoconstruction.
Nous envisageons dans un premier temps de répondre aux demandes des entreprises avec le catalogue des formations existantes, puis après un important travail d’ingénierie pédagogique nous développerons une offre de formations adaptée aux problématiques régionales tant au niveau des techniques, des matériaux à mettre en œuvre et des cas concrets de chantiers afin de répondre aux attentes des entrepreneurs de la coop ainsi qu’à l’ensemble de nos entreprises locales.
Le deuxième volet du projet repose plus précisément sur la valorisation des matières. Nous souhaitons mettre en place un centre de valorisation des matières issus de filières éco responsables afin de créer un pôle de négoce collaboratif avec une partie pédagogique. Nous prévoyons de former des personnes aux fondamentaux de la transformation de la chaux, de la terre et de la paille. Cela se traduira notamment par :
- la fabrication de brique de terre crue,
- la mise en bottes de paille en vrac,
- l’extinction de la chaux vive afin d’obtenir une base pour la fabrication d’enduit et badigeons.
Ces techniques requièrent de l’expérience. Qui seront les formateurs et les intervenants ?
Nous souhaitons faire appel à des formateurs qui sont aussi des entrepreneurs actifs de la coopérative. Nous avons déjà identifié une vingtaine d’entrepreneurs, experts de différents savoir-faire. Nous souhaitons faire une place particulière aux artisans en fin de parcours professionnel qui souhaitent transmettre et aussi se préserver physiquement.
Par ailleurs, nous travaillons à élargir ce cadre à des formateurs issus de cultures différentes afin de découvrir la richesse et la diversité des techniques du bâti pratiquées dans d’autres régions du monde.
Est-ce que cela se traduit déjà en modules de formation ?
Pas encore, cela fait partie des étapes à venir. C’est notre ingénierie pédagogique qui aura pour mission d’identifier des modules de formations cohérents. Dans tous les cas, la plupart de nos formations seront certifiantes et qualifiantes.
Quelles sont les échéances à venir ? Et où pourra-t-on suivre ces formations ?
Après un an et demi de réflexions, de rencontres et d’échanges, notre premier comité de pilotage qui s’est tenu le 20 septembre dernier et la création du statut associatif d’IFABE début janvier, le projet est en passe de se concrétiser. Nous avons l’intention de mettre en place nos premières formations dès le printemps prochain.
Quant au lieu, nous attendons une réponse pour installer nos locaux dans une zone d’activité qui serait en tous points pertinente avec notre projet et nos valeurs. Cet espace réunira un plateau technique, une salle de cours, un atelier de fabrication et un espace de stockage.
Alors que l’IFABE a désormais son propre statut, quels seront ses liens avec Coop&Bat ?
En effet, si jusque-là Coop&Bat a joué le rôle d’incubateur, l’IFABE est aujourd’hui une association. Mais celle-ci préfigure la création d’une SCIC dans laquelle COOP & BAT siègera au sein d’un collège.
Ces dernières années d’autres organismes de formation à l’écoconstruction ont vu le jour au niveau national comme la coopérative Habitat Eco Action et le centre de formation Perf à Tarnos dans les Landes avec lesquels l’IFABE a noué d’étroites relations.
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