Stéphane Vicat, un plombier-chauffagiste aux aspirations environnementales

Stéphane Vicat est plombier-chauffagiste. Voilà presque 2 ans qu’il a rejoint l’AlterBative sous le nom “Le tuyau vert” pour exercer son métier et développer son activité. Après un parcours scolaire qu’il qualifie de “tortueux”, Stéphane obtient un BTS en Maintenance Aéronautique en 2001. Cette même année, le tristement célèbre attentat des tours jumelles de New-york entraîne un renforcement des normes sécuritaires dans le secteur de l’aéronautique. Il lui est désormais impossible de travailler sur des appareils volants. Les bureaux d’études accueillent ses compétences qu’il exerce en sous-traitance pour des grands noms du secteur tel que Thales, Eurocopter ou Airbus.

Mais après une dizaine d’années, l’envie de travailler de ses mains et la difficulté de progresser dans son secteur questionnent Stéphane sur le sens de son travail : “Le résultat de celui-ci n’était pas en accord avec mes convictions. J’ai lu, un jour, un tourdumondiste qui disait qu’avant de vouloir faire de grands voyages, il faudrait passer un CAP de plombier car le transport de l’eau est un véritable problème dans de nombreux lieux de la planète. Je plaisantais souvent en disant que de toute façon je deviendrai plombier.”

Ce qui était alors une “petite blague” va se transformer en un véritable projet professionnel. Le métier de plombier-chauffagiste apparaît finalement comme une perspective qui lui permettrait d’associer son goût pour la technique à ses aspirations pour l’écologie.

Une formation d’installateur à l’AFPA de Niort et la rencontre avec un formateur qui partage ses convictions va conforter son choix. “Ce formateur est un homme passionné, engagé et convaincu que l’avenir du chauffage est sa disparition. Sans le savoir, il a ouvert la voie qui m’a amené à l’AlterBative”.

Afin de parfaire ses compétences, Stéphane exerce son métier de plombier-chauffagiste en tant que salarié dans plusieurs entreprises. Mais le monde du bâtiment et son impact sur l’environnement ne sont pas en adéquation avec ses attentes : “J’ai alors décidé de faire mes propres choix sur la façon dont je voulais travailler et de m’installer à mon compte”.

plombier-chauffagiste à l'AlterBative

Peux-tu nous décrire ton activité de plombier-chauffagiste ?

Mon activité présente 3 volets : la plomberie, le chauffage, et la fumisterie (cheminée, ramonage). Étant à la campagne, il faut être réaliste et comprendre les attentes des clients. Avoir une activité de chauffagiste seule est compliquée. C’est pourquoi la plomberie vient compléter mon offre, les travaux sont similaires, bien que moins techniques, et la demande est permanente. Quand à la fumisterie, cela me paraissait une continuité logique au métier de chauffagiste : quand on pose une chaudière ou un poêle, il faut une cheminée…

Comment associes-tu tes aspirations environnementales à ton activité de plombier-chauffagiste ?

Je travaille avec des énergies biosourcées, tels que le bois, le solaire et le gaz. Si l’on veut laisser une planète vivable aux générations futures, il est important de gérer nos ressources au mieux et de ne pas les gaspiller. J’essaye toujours de sensibiliser mes clients au fait que l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas, autrement dit il faut favoriser l’isolation d’un bâtiment avant le moyen de chauffage.

L’idée c’est d’accompagner mes clients dans leur projet pour aller vers quelque chose de cohérent, en ayant conscience des choix réalisés, tout en répondant à leurs besoins. En tant que plombier-chauffagiste, j’interviens essentiellement sur des chantiers de rénovation chez des particuliers ou des petites collectivités, mais je peux aussi faire du neuf ou du petit collectif. Par exemple, un chantier est en cours pour la construction d’un vestiaire de sport sur ma commune de Blanzay.

À ce propos, quel est ta zone d’intervention ?

J’interviens dans le sud Vienne, le sud Deux-Sèvres et le nord Charente. Mon secteur idéal couvrirait les villes de Confolens, Ruffec, Sauzais-Vaussais, Melle, Vivonne, Couhé, Civray et Gençay.  Je travaille aussi sur Poitiers où il m’arrive de faire des chantiers avec des collègues de l’AlterBative ou seul.

Je pense que les clients doivent être conscients de la proximité des services pour ne pas systématiquement les chercher dans les grandes villes. La proximité est un atout, elle permet de réduire les coûts et améliore la réactivité.

Depuis combien de temps travailles-tu au sein de l’AlterBative ?

J’ai rejoint l’AlterBative fin 2017 ou j’ai signé un contrat CAPE qui ‘a permis de commencer à travailler pour tester et développer mon activité pendant un peu plus d’un an. Depuis février de cette année (2019), je suis salarié de la coopérative. Mon salaire dépend de mon activité.

Comment as-tu découvert l’AlterBative ?

Curieusement, par plusieurs sources en même temps. Lors d’un bilan de compétence, il est ressorti que l’emploi en SCOP me correspondrait bien et nous avons trouvé l’AlterBative lors de recherches. Puis je les ai rencontré par hasard, les jours suivants à l’occasion d’un événement.

Que t’apporte le statut d’entrepreneur-salarié ? Quels sont selon toi ses principaux avantages ?

Ses avantages sont multiples. Je gère mon activité librement tout en étant salarié donc avec les droits qui vont avec : congés payés, sécurité sociale, droit à la formation, droit au chômage en cas de cessation d’activité.

Ensuite il y a l’accompagnement, on est pas seul. Pour les parties comptabilité, assurantielle ou juridique, la coopérative nous apporte de l’aide et des réponses aux questions que l’on peut se poser. Elle nous guide pour éviter les erreurs.

Par ailleurs, il est possible de mutualiser nos savoir-faire et du matériel. Il existe une dynamique de groupe, un soutien entre les entrepreneurs. C’est aussi une aventure humaine positive.

À ce propos, as-tu déjà réalisé des chantiers avec d’autres entrepreneurs de la coopérative ?

Oui, je réalise actuellement un chantier avec mon collègue Per (Per Strid a créé ELD Energie Locale et Durable au sein de l’AlterBative). C’est une expérience très intéressante. Même s’il faut le temps de trouver nos marques, nous devrions renouveler l’expérience !

Je travaille aussi parfois sur les mêmes chantiers que les électriciens de la SCOP car nos clients ont souvent des besoins couvrant les deux corps de métiers. C’est plutôt plaisant, il peut y avoir des échanges qui nous permettent d’aller plus loin et on sait qu’en cas de besoins nous pouvons nous entraider.

Le maillage territorial de l’AlterBative et la répartition géographique des entrepreneurs peuvent favoriser les opportunités de travailler ensemble selon ou l’on se situe.

Que dirais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer à son compte ?

Que c’est une expérience à vivre ! Qu’on ne peut pas savoir ce qui nous attend tant qu’on ne l’a pas fait. Je conseille quand même le format CAE (coopérative d’activité et d’emploi) tel que l’AlterBative, ne serait-ce que pour lancer l’activité, car le soutien de la coopérative dans ce démarrage aide vraiment à poser de bonnes bases pour créer une activité saine.

Après, chacun peut se retrouver ou pas dans les valeurs qu’on souhaite partager au sein de la SCOP et décider d’y rester ou de suivre un autre chemin.