Ingénieur chauffagiste, expert en combustion et en techniques solaires, aussi passionné par la fabrication de peintures naturelles que par la biodiversité, Per Strid a une approche globale de l’habitat et de ses enjeux énergétiques et environnementaux.
En créant ELD (feu en suédois), Per est devenu membre de notre coopérative où son expertise s’exprime à plusieurs niveaux. Rencontre avec un artisan qui conjugue l’entrepreneuriat collectif à ses attentes environnementales.
Bonjour Per, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis originaire de Suède où j’ai grandi. Mon père était ingénieur du bâtiment, j’ai passé tous mes week-ends et mes vacances sur des chantiers ! J’ai marché sur ses pas, en travaillant d’abord dans un bureau d’études thermiques.
Nous réalisions des études à base d’infrasons pour améliorer la combustion dans différents systèmes (charbon, fioul, incinérateurs). J’ai eu l’occasion de travailler sur des projets de développement d’un système automatique de ramonage ou d’une machine à laver à sec… J’ai même passé 3 mois au Japon à développer un barbecue coréen pour lequel nous devions régler la puissance de combustion à l’aide d’un générateur d’infrasons ! C’était une petite boîte d’ingénieurs fous ! Je garde d’excellents souvenirs de cette période.
En parallèle, j’ai été formé à l’Institut Royal de Technologie de Suède, dont je tiens mon diplôme d’ingénieur.
J’ai ensuite travaillé comme constructeur électronique pendant 6 ans. Je réalisais l’implantation de caméras infra-rouge dans des contextes spécifiques. C’est ce qu’on appelle la thermographie. Ces caméras permettent notamment d’observer les déperditions énergétiques des bâtiments. Elles servent aussi à repérer des fuites d’eau ou de gaz, les mauvaises connexions électriques, ou les frictions.
Ensuite, j’ai encore pris un petit virage en travaillant pour une société qui développait des logiciels de transactions boursières à Stockholm. C’était un travail de haut niveau, avec des gens pointus et des clients très exigeants, particulièrement intéressant au niveau de la sécurité informatique et de la robustesse. Un défi pour moi !
Ingénierie, électronique, sécurité informatique… Comment es-tu revenu au bâtiment ?
Depuis mon installation en France, je m’intéresse au bâti ancien de la région et aux constructions poitevines qui diffèrent des constructions en bois que je connaissais.
En parallèle, je suis un adhérent convaincu de négaWatt : une association qui travaille depuis les années 2000 en faveur d’une transition énergétique, réaliste et soutenable pour la France. J’ai donc fini par créer mon activité d’installateur thermique.
Je réalise l’étude, la conception et l’installation de matériel dans le cadre de chantiers d’économies d’énergie : installation de poêle, de chaudière, isolation, chauffage solaire, plomberie, ventilation…
Lorsque tu as créé ton activité, tu as tout de suite rejoint l’AlterBative ?
Non, je ne connaissais pas encore le statut et j’ai d’abord travaillé seul pendant 6 ans. Puis, j’ai entendu parler de l’AlterBative par un autre artisan qui pensait rejoindre la coopérative. J’ai participé à une réunion d’information collective et j’ai trouvé le concept génial. J’ai aussitôt arrêté mon entreprise pour rejoindre l’AlterBative.
En quoi l’Alterbative t’apparaît comme « un concept génial » ?
Ici à l’AlterBative, je ne suis plus seul. Je peux travailler indépendamment des autres si je le souhaite mais je peux également m’entourer de compétences complémentaires lorsque mes chantiers le nécessitent.
Quand on démarre seul, la charge de travail est très grande : on essaie de vendre, d’installer, de se former sur des sujets très spécifiques, mais il n’y a pas assez d’échanges humains, intellectuels, idéologiques…
Intégrer l’AlterBative m’a permis d’avoir des collègues, de partager des techniques, des expériences, des réflexions idéologiques, des coups de main, des centres d’intérêt et une conscience écologique.
Rejoindre l’AlterBative c’est s’ouvrir à d’autres métiers, et aux réseaux qui vont avec. Nous sommes une entreprise générale du bâtiment ! On met en question des choses. Qu’est-ce qui est meilleur pour moi ? Pour le client ? Pour la planète ? Même définir « le meilleur » n’est pas toujours facile !
Tu es aussi accompagnateur technique au sein de l’AlterBative. En quoi cela consiste-t-il ?
Dans le cadre de ce poste, je suis l’interlocuteur technique des artisans de la coopérative pour toutes les questions relatives aux compétences, aux techniques et aux solutions à mettre en œuvre. Je suis également l’interlocuteur en termes de cadre de sécurité, juridique, assurantiel…
Je participe aussi à l’accompagnement des artisans qui rejoignent la coopérative à travers l’évaluation de leurs savoirs faire, et la préconisation de formation le cas échéant.
Je contribue à dynamiser les échanges de pratiques et de savoirs parmi les artisans. Je viens par exemple de créer un groupe de discussion dédié aux ramoneurs. Enfin, je m’occupe de nos certifications RGE et des audits sur chantier.
Et tu trouves encore le temps pour tes activités d’installateur thermique ?
Un peu moins… Aujourd’hui je m’oriente vers l’expertise de bâtiments. J’interviens déjà sur les dysfonctionnements de systèmes de chauffage, pour le compte de particuliers ou d’assurances… Je me suis formé en audit énergétique en maisons individuelles.
Que dirais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer à son compte ?
Démarrer tout seul prend beaucoup de temps. C’est une aventure parfois fastidieuse. Nombreux sont ceux qui arrêtent au bout de 2 ou 3 ans. Quand on rejoint l’AlterBative, on intègre un groupe d’artisans déjà référencés, labellisés, avec une clientèle, des chantiers à partager… C’est une entreprise qui bouge !